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- Asie-Pacifique
L'écrivain sino-belge, décédée vendredi 2 novembre à Lausanne à l'âge de 95 ans, aura vécu toutes les métamorphoses de la Chine, le pays de son père, de la guerre civile à la renaissance glorieuse, tout en défendant le régime communiste.
ParFrançois Bougon
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L'écrivain sino-belge Han Suyin, décédée vendredi 2 novembre à Lausanne à l'âge de 95 ans, aura vécu toutes les métamorphoses de la Chine, le pays de son père, de la guerre civile à la renaissance glorieuse, tout en défendant le régime communiste.
Eurasienne, elle appartient à une époque que les moins de 30 ans auront du mal à imaginer : une Chine pauvre refermée sur elle, en révolution permanente sous la férule du Grand Timonier et en proie à la violence, et à l'extérieur, une forte influence du maoïsme sur la jeunesse occidentale et certains intellectuels, malgré les millions de morts du Grand bond avant et la Révolution culturelle.
Née en Chine en 1917, Rosalie Matilda Kuanghu Chou, de son vraie nom, a été une avocate zélée de Pékin, malgré les errements et les victimes du maoïsme. Elle aura également produit une littérature abondante, à la qualité très inégale, nourrie de sa vie de femme tiraillée entre l'Asie et l'Europe.
Son père, venu étudier l'ingéniérie en Europe au début du XXe siècle, y avait rencontré sa mère, une Belge. Han Suyin, le pseudonyme qu'elle se choisira pour écrire, est née dans la province du Henan, mais passera sa jeunesse au Sichuan, dans le sud-ouest, près du Tibet. Elle étudiera la médecine à Pékin, puis en Europe. Sage-femme et pédiatre, elle se mariera trois fois, à un Chinois, un Britannique et un Indien. Elle aura également une liaison avec un correspondant britannique, qui sera tué pendant la guerre de Corée.
HISTOIRE MOUVEMENTÉE
Ses livres traduisent cette histoire mouvementée et son multiculturalisme : son autobiographie s'intitule Ma maison a deux portes, l'une ouverte sur l'Orient, l'autre sur l'Occident. Le premier, Destination Tchoungking, publié en 1942, se base sur ce qu'elle a vécu à Chongqing, alors capitale des nationalistes, bombardée massivement par les avions japonais en pleine sino-nippone. C'est Multiple splendeur, encore à moitié autobiographique, publié en 1952, qui l'a fait cependant accéder à la célébrité. L'ouvrage, qui fait scandale en décrivant l'histoire d'amour d'une femme médecin métisse, comme elle, et d'un Américain, sera adapté par Hollywood dans un film de Henry King, dont les deux vedettes sont Jennifer Jones et William Holden.
Elle ne cessera de défendre sa Chine, quitte à beaucoup se tromper, stigmatisant les sinologues, défendant la gestion chinoise du Tibet, écrivant des hagiographies de Mao (Le Déluge du matin, publié en 1972) et devenant une "ambassadrice" officieuse de Pékin. En 1970, c'est elle qui annonce aux proches du général de Gaulle, qui vient d'abandonner le pouvoir, que le gouvernement chinois souhaite inviter l'ancien président, qui a reconnu la Chine communiste en 1964. Elle leur explique avoir été mandatée par le premier ministre Zhou Enlai en personne. Mais le général meurt le 10 novembre 1970.
LE CHEMIN DE PÉKIN
Critiquée pour ne pas avoir vu à temps les erreurs du maoïsme, en particulier par le lucide Simon Leys - "Jamais autorité plus durable n'a été fondée sur un propos plus changeant ; la seule constante de cette œuvre tient dans la constance avec laquelle les événements ont à chaque tournant démenti ses analyses et pronostics", écrivait-il sur Han Suyin dans L'Express en 1980 –, elle se défendra en expliquant que sa famille et ses proches restés en Chine la "suppliaient de ne rien dire et ne [lui] disaient que très peu".
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En 1989, peu de temps après les massacres de Tiananmen, Han Suyin est la première personnalité intellectuelle étrangère à reprendre le chemin de Pékin. Elle est reçue en grande pompe en septembre 1989 dans la résidence d'honneur des hôtes officiels, Diaoyutai, par Yao Yilin, membre du comité permanent du bureau politique et un des "durs" du régime. Mère de deux filles, elle a fini sa vie à Lausanne.
François Bougon
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